Une fois n’est pas coutume, je voulais vous parler d’une BD pas comme les autres, qui a été une véritable découverte pour moi, dans laquelle dessin et photo N&B entremêlés racontent une expédition de Médecins sans frontières en Afghanistan, en 1986, pendant la guerre avec l’Union soviétique.
Cette rencontre date d’il y a exactement 1 an lors du festival d’Angoulême. J’ai eu la chance de rencontrer emmanuel Guibert, le dessinateur et Didier Lefèvre, le photographe, et de voir l' expo de ses photos. Je m’apprêtais à partager avec vous le plaisir que j’ai eu à lire et regarder les 3 tomes du photographe, d’autant plus que le 3ème tome vient d’être primé, au dernier festival d’Angoulême, parmi les 6 essentiels de l’année 2007, quand j'ai eu la surprise et la tristesse d'apprendre la mort de Didier Lefèvre le 29 janvier suite à une crise cardiaque. Il allait avoir 50 ans.
Je citerai une des phrases du dernier tome de cette saga, qui est pour moi plus qu’une simple BD mais une véritable aventure humaine:
"Je sors un de mes appareils. Je prends un vingt millimètres, un très grand angle, pour photographier depuis le sol. Qu'on sache où je suis mort."
Si vous voulez en savoir plus sur Didier Lefèvre photographe je vous invite à consulter les sites suivants ~ici~et ~là~.

Editeur : Dupuis- Collection:Air Libre
Auteurs : Guibert-Lefèvre-Lemercier
Prix Editeur : 18 € (+ 1 DVD)
Fin 1986. Après trois mois passés avec les MSF en Afghanistan, Didier Lefèvre, le Photographe, décide de rentrer seul en France. Juliette, la chef de mission, s'y oppose ; sans la protection de l'équipe, sans parler la langue, c'est trop dangereux. Didier insiste. Juliette, finalement, lui cède la responsabilité qu'elle exerce sur lui : "Tu es majeur et vacciné. Si tu veux partir, pars". Et c'est le retour. Un retour riche en péripéties et en rencontres, léger et heureux dans les premiers jours, âpre et pénible à l'extrême les jours suivants. Ses photos et sont récit en témoignent. La mission et le chemin du retour marqueront sa vie à jamais. De la même façon que longtemps encore après avoir refermé ce livre poignant, merveilleusement écrit, photographié et dessiné, les lecteurs auront l'Afghanistan chevillé au coeur, et qu'ils n'oublieront jamais ces hommes et ces femmes qui "tentent de réparer ce que d'autres détruisent".


Extrait d'un article paru dans l'Express le 31 janvier:
"Didier Lefèvre était "Le" photographe. Sur la couverture de la célèbre trilogie en bande dessinée, il est croqué en tenue afghane, pointant l'objectif vers le lecteur tandis qu'il règle le diaphragme du pouce et de l'index pour l'ultime mise au point. Son ami Emmanuel Guibert a immortalisé la figure de cet aventurier sans prétention, trente ans à peine, quelques poils de barbe sous des lunettes rondes. En trois tomes, son héros aura rejoint, à pied, les vallées les plus isolées de l'Afghanistan, aux côtés d'une équipe de Médecins sans Frontière.
Dans la vraie vie, Didier Lefèvre était exactement le même, sauf qu'il allait bientôt avoir cinquante ans. Il poursuivait sa carrière de photographe de presse. Un temps salarié des agences Vu et Editing, il était redevenu indépendant. Généralement, des journaux le payaient pour réaliser des reportages. Parfois, non, et il mangeait ses économies. Il a suivi les cyclistes sur les pavés du Paris-Roubais ; la vie quotidienne des habitants séropositifs d'un bidonville de Phnom-Pen, au Cambodge ; les footballeurs de l'équipe nationale d'Afghanistan, qui ont repris l'entraînement à Kaboul. Le 29 janvier, son coeur s'est arrêté.
Dans la vraie vie, Didier Lefèvre retrouvait de temps en temps des amis journalistes dans un café parisien, à deux pas de L'Express. Au printemps dernier, il est arrivé la mine défaite. Il a posé un gros sac en plastique sur la chaise voisine, comme pour mieux se débarrasser du paquet. "Voilà, je suis passé au numérique", a-t-il lâché sur le ton de celui qui vient d'abjurer sa foi. L'évolution des techniques ne lui laissait guère le choix. Deux jours, peut-être trois, se sont écoulés avant qu'il se décide à sortir le boîtier de son emballage. Dans son appartement en banlieue parisienne, il a photographié son fils Julien, sur le vif, comme il le faisait depuis toujours avec son Leica. Sa carrière en numérique pouvait commencer.
Dans la vraie vie, Didier Lefèvre avait choisi de raconter à sa manière la campagne électorale en cours. Plutôt que de rester dans le sillage des candidats à la présidentielle, il avait décidé de les précéder. Le 19 janvier, dans un immeuble HLM de Lille, Didier Lefèvre a devancé Ségolène Royal de quelques heures. Il a frappé à la porte de Marguerite, militante de longue date du parti socialiste. Il a saisi dans son boîtier la fièvre de l'attente, puis l'extase face à l'élue. Il était toujours là quand Marguerite a regardé, perplexe, les images de la visite au journal de 20h. C’était le premier volet d’un reportage qui devait en compter beaucoup d’autres."